le jour s’éteint, l’atmosphère ploie devant l’heure du silence qui rattrape ; la nuit englobe le monde et réveille les abysses. la cosmopolite s’égrène, se disperse, sombre dans un débâcle ombrageux, effrayée par la fuite du soleil. le noir commerce débute alors son ascension et rayonne. il élance ses ramifications pécheresses, les envoie voguer au pays des ivraies, du pourri, du retord qui sied dans les neurones et le myocarde des hommes depuis l’aube des temps, avec pour dessein de réveiller ses pantins et partisans. transactions volubiles, échanges couverts, marchandises volées ; il subsiste le spectre d’un univers qui a pris la fuite, l’empreinte vaseuse d’un monde qui fut, qui n’est plus, héritage inconnu mais répété dans cette façon de faire.
l’ignescent sillonne à travers la masse, drapé d’une toge de jais, lui recouvrant le corps et lui mangeant la moitié du visage. Petit prince ébène, royauté de cristal, baignant dans un proscrit condamné par sa propre hémoglobine. l’ironie qui transpire de chacune de ses actions, étirant ses lèvres d’un rictus quasi-omniprésent, comme à l’accoutumée lorsqu’il flirte avec ce qui le dépasse. les dextres, le regard, qui s’égarent sur l’échine de quelques sculptures, matériaux ou métaux. évaluant la marchandise, jaugeant le vrai du faux, exercice ardu face aux commerçants-renards et la fourberie étouffant l’authenticité dans ces allées froides.
ses mains bourrues se saisissent d'un de ces artefacts d’artisans, représentant un grand voilier enfermé dans une bouteille, comme les rares que l'on peut trouver dans les flancs de Maria. c'est par delà les hautes voiles et les parois de verre, qu'il l'aperçoit. des courbes qu’il reconnait parmi toutes pour les avoir vue grandir, une aura qui ne peut lui passer inaperçue. une assurance surfaite, de poussière, une fierté que l'on dénote malgré la stature rigide trahissant les années passées à l'armée. des mots qui s’extirpent de ses lèvres, s’envolent furtivement à l’ouïe de cette soldate dont il a emprunté le sillage dans l’immédiat et ne devine que trop bien l’identité. « little bird, » appellation péjorative, habitude taquine, jeu agaçant jamais altéré par la course du temps. « flâne-tu dans le chaos de ces murs en prévision de ma prochaine livraison ou encore, ce sont des affaires insignifiantes qui t'y conduisent ? »
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Sujet: silent hours ( kaethe )