https://www.youtube.com/watch?v=6czMrbqEyDY ♪ Rollin'

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S'il y en avait bien un que beaucoup avaient espéré voir participer, c'était Wilhelm. Lui et ses bras, lui et sa force brute avec sa connaissance des armes. Pourtant, il était du côté du public. Droit, immobile, les bras croisés. Comme un garde attentif les yeux rivés sur les adversaires se faisant face. A bien faire une tête de plus que tout le monde, il n'avait pas de problème pour en observer la fougue et les éclats. Ce pilier robuste, planté dans la foule agitée, ne laissait entrevoir aucune excitation quelconque. Il ne se réjouissait pas du tournoi, ni du mélange des castes. Qu'importe le vainqueur, pour lui ce n'était qu'un détail ; une information potentiellement intéressant pour la forge mais sans plus. Peu à peu, les gens s'éloignaient. Ils libéraient le passage, suivant l'affrontement au plus près lorsque la scène s'éloignait. Mais >Wil, lui, ne bougeait pas. Il n'en avait pas besoin ; ce qu'il regardait n'avait pas besoin de son oeil aussi proche.

Quelques années auparavant il n'avait pas daigné se présenter, trop occupé à la forge ou trop peu intéressé pour venir y assister. Sa présence à la forge permettait à tous les autres d'y aller, et lui se la coulait douce. Mais cette année était particulière. Elle accueillait en son sein le jeune frère Brotz ; Ashlan. L'indécis, la victime de Wil. Celui qui s'était vu affublé de seconde place dans tout ce qu'il entreprenait. Le tournoi allait être sa chance de briller et son frère aîné s'était bien chargé d'être le poids oppressant sur ses épaules. Un petit cadeau, et le voeu silencieux était confié. Gagne. Ce n'était pas encore le combat d'Ash. Mais bientôt, il serait celui qui entrerait dans l'arène. Le nom des Brotz le suivant comme une ombre. Famille certes modeste, mais dont le nom portait un patrimoine qui ne faisait que se valoriser avec le temps ; tirée hors de l'ombre grâce au mérite et à l'effort, les deux fils savaient que le père allait miser son honneur sur ces affrontements. S'il n'y avait presque pas de honte à perdre, ce n'était pas une option que Wil acceptait. Ash devait gagner. Aussi la lueur dans son regard brillait d'un éclat inhabituel.
Regard qui bifurqua sur la chevelure blonde qui venait de gentiment le percuter, le faisant à peine bouger, goliath qu'il était. La voix cristalline, le regard bleu azur, lèvres pulpeuses ; ah, elle. N'affichant nulle surprise, il la fixa un instant, quelque peu froid face à son salut. Déjà indifférent face à la belle ? Il n'avait pas oublié, ne le méprenez pas. Mais il avait mieux à faire, aujourd'hui. Son regard vint à nouveau s'attarder sur la scène un peu plus loin alors qu'ils étaient en retraits de la foule. Les bras demeurant croisé, l'air toujours sérieux et le dos droit, Wil suivait du regard les arcs de cercle dessinés par les bras et les réflexes de celui qui manquait de plier le genou sous les coups.

─ Un parmi d'autres, oui.

Quelle fausse modestie. A peine camouflée derrière un brin de sarcasme.
S'il pouvait se demander ce qu'elle venait faire ici-bas parmi la modeste classe ouvrière, il n'en posa pas la question. Ses sourcils se froncèrent. Ses yeux tiquèrent brièvement, puis trois secondes après l'on entendait la fouler crier sa surprise et sa déception alors que Wil soupirait lentement. Visiblement agacé. Là, dans l'arène, l'épée venait de se briser. A trop forcer sur le tranchant, forçant le poids sur la même zone encore et encore, l'arme avait fini par se fragiliser. Il avait fallu quelques bons coups puissants répétitifs de la part du bouclier pour briser l'arme et ainsi retourner la situation. Le match était donc terminé aux yeux de Wilhelm qui reposa son regard sur la jolie blonde à côté de lui.

─ Vous avez envie de jouer la jouvencelle en détresse pour vous aventurer ici ?

https://www.youtube.com/watch?v=ZWk4zqmQwVE ♪ Who Are You ?

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L'étonnement feint sur le joli visage de la fille Aries agaçait Wil. Il en détourna déjà son visage. Cette perfection était comme une lame creuse. Bien polie et luisante à l'extérieur, semblant attrayante, mais incapable d'encaisser le moindre coup sans que le masque ne se brise, dévoilant ainsi une pauvre couche sale. C'était un peu une généralité chez les riches de toute manière. Ils ne se rendaient pas toujours compte de la valeur des choses même s'ils pouvaient y mettre un prix. une partie de Wil voulait vendre une oeuvre forgée dont la valeur et faire croire qu'elle valait bien plus. Juste parce qu'il était un Brotz.
Le regard semi-absent vers la foule qu'il observait en dépit de son attention portée sur la blonde à ses côtés, il se sentit tout de même obligé de la regarder à nouveau lors de sa deuxième réflexion. Contrarié par ce qu'elle avait pu dire ? Son sourcil s'arqua très faiblement.

─ Contrarié ?

Ses bras se décroisièrent. Son buste pivota vers elle. Si chétive, si petite. Avec ses joues potelées de bébé. Une flamme s'embrasa au fin fond de son regard, flamme amusée ou bien énervée ? Elle virevoltait avec ferveur. Ici, il n'était pas tenu de conserver ses manières. Pas en ce lieux, pas en cette compagnie. Les gens étaient trop absorbés par l'événement, par les déesses et toutes leurs bénédictions. Il savait que des yeux curieux se baladaient toujours sur les foules cependant, savait que le lieu ne la rendait que peu plus vulnérable. La jeune Aries.

─ Vous vous méprenez je crois. Je n'ai pas besoin de votre approbation ou reconnaissance.

Car, de toute manière, il était le meilleur. C'était tout. Il n'y avait pas à discuter sur ce point, pas de doute à avoir. Les ignares pouvaient parler dans son dos, jalouser son travail, Wil savait. Il savait ce qu'il forgeait. Savait ce qu'il vendait. Ce qu'il était sûr de savoir était inaccessible, inatteignable par le venin des autres. Quand bien même son travail serait abîmé, bafoué, il savait comment le récupérer, comment reforger l'estime que l'on pouvait avoir pour son travail et lui-même. Quoiqu'il arrivait, Ramon lui cèderait la forge. Wil ne laisserait pas son héritage lui glisser entre les doigts.

─ Devrais-je accorder la moindre importance à votre opinion ?

Non, bien évidemment. Elle, comme les autres. Toute opinion était matière à forger. Rien n'est immuable. Travail de longue haleine, travail introspectif ; la confiance que Wil avait bâti ne s'était pas faite en un jour et ses bases n'avaient rien à envier aux murs des déesses. Ces dernières elles-mêmes ne sauraient ébranler la confiance qu'il avait en son talent de forgeron. Nul ne pouvait changer cette certitude.
Question rhétorique, brin d'arrogance dans la voix.

Spoiler:

Idealistic Fool

You're an idealistic fool. Of course.

♬

Mia, un léger rire lui échappe.
Il est si proche soudainement, à la fixer droit dans les yeux. Ses yeux d'un bleu profond, ces océans miniatures qui vous demande presque de vous noyer en eux. Espérons qu'il sache nager. L'éclat des diamants se répercute dans son regard rieur. Elle inclina doucement sa tête dans sa direction; dans une légère mimique d'interrogation. L'air taquine. Un sourire espiègle, soudainement. Elle glisse son index sur son menton, lève ses yeux vers les haut plafond.

- Votre sarcasme de tout à l'heure laissais à supposer que c'est une partie de notre conversation qui vous avait particulièrement marqué.

Il y avait une innocente insolence dans les mots de Mia, une sorte d’intempérance juvénile qui se faufilait au travers de ses sentences comme un mal insidieux, qu’elles fussent orales ou écrites. Quand elle parlait, ses lèvres graciles et rosés avait des airs de cavités scabreuses dont s’écoulait un flot continu d'épines verbales embourbés dans leur acidité fétide, et quand bien même elle épargnait à ses auditeurs cet atroce supplice en déversant ses mots brouillons sur un malheureux bout de papier, les petites lettres pointues et entassées les unes sur les autres qu’elle dessinait du bout de son crayon se mutaient en canifs finement aiguisés, prêts à trancher la cornée de ses correspondants abominés. La conjugaison et la grammaire n’étaient que de vagues concepts dont l’indifférence qu’elle peinait à éprouver à leur égard avait atteint le sommet le plus suprême de l’indifférence, et desquels elle ne s’encombrait pas. Elle écorchait vif, raturait, déguisait, disséquait ; transformait la langue de Molière en un amalgame altéré de masses puantes et grises, une monstruosité abécédaire. Moia n'en avait que faire.

- Mais vous lui en accordez déjà, sinon une chose aussi futile ne vous ferait pas réagir autant.

Tout ça n'aurait rien dû avoir à faire avec elle.
Elle n'aurait pas dû pouvoir agir de cette façon là Mia, parce que ses mots entachaient trop de chose déjà - ils semaient rancoeur et colère. Ses lèvres trop avides avaient déjà marquer trop de chaires et tentées de cueillir trop de soupirs - ses lèvres étaient mauvaises. Il était transparent Wil, dans sa contrariété, dans sa trop grande fierté. Elle le regardait Mia, avec une pointe de franchise, peu intimidé par son air hostile.

- Et vous avez besoin de reconnaissance, ce sont vos clients qui vous permette de continuer à exercer votre art.

Et surtout, la forge ne lui appartenait pas encore. Et rien n'était plus risqué qu'un cadet qui tardivement finissait par s'avérer plus doué. Mais ça Mia, elle ne faisait que le supposer, se contentait d'hypotétiquement l'anticiper. Elle avait les joues rougissante sous la poigne de la chaleur ambiante l'enfant. Décidément, rien ne valait la loge de papa et maman.

Spoiler:

Combien d'hommes avaient dû être embringués dans ces mots si habilement choisis par ces lèvres tentatrices ; combien ? Curiosité que Wilhelm ne voulait pas spécialement connaître. Il se doutait qu'ils étaient nombreux. Les belles paroles, le voabulaire riche et le visage angélique, tout ceci couplé à un mode de vie brodé d'or et de soie laissait le forgeron suspicieux et méfiant. Il ne faisait pas confiance facilement, partait du principe que tous autour de lui étaient des incapables. Mal intentionnés, ou juste stupides au point de faire des erreurs douloureuses. Ce n'était pas qu'il se protégeait ; c'était simplement pour éviter trop d'ennuis, trop de complication qui mettraient à mal son travail. La belle colombe n'échappait pas à ce traitement.

─ Vous vous accordez plus d'importance que vous n'en avez vraiment.

Il l'invita brièvement, d'un geste ouvert de la main, à marcher avec lui pour poursuivre tranquillement leur échange. La discussion était un peu moins retenue, un peu plus honnête et franche. La demoiselle n'était pas avare de jugements envers lui non plus et l'idée qu'elle puisse agir comme beaucoup de ses pairs le faisait soupirer un peu.
La démarche nonchalante, le regard parcourant les murs de pierre et les décorations murales d'un air peu intéressé, Wilhelm poursuivait l'échange d'un ton relativement calme. Dans sa certitude se cachait une conviction sourde qui l'avait souvent soutenu lorsque durant sa jeunesse, il avait voulu baisser les bras.

─ Ne confondez pas votre art purement esthétique au mien qui est au service de l'utilité.

Il lui lança un regard en biais.

─ Nous ne sommes pas les seuls forgerons, c'est un fait. Aucun n'a cependant la prétention de pouvoir rivaliser avec la forge Brotz.

Les commandes de l'armée en étaient la preuve irréfutable à ses yeux. La confiance même de cette gigantesque armée au service de la protection du peuple avait besoin de chaque milimètre de forge que les Brotz pouvaient offrir ; qu'il s'agisse de coutelas, d'épée, d'hélisses pour le système de projection de l'équipement tridimensionnel, des stocks de larmes ou de fers à cheval, il fallait forger pour l'armée pour savoir combien les Brotz étaient nécessaires. Smirk.

─ Quelle utilité a votre art ? Je ne suis pas un homme d'esthétisme et de délicatesse aux doigts ornés de bagues comme vous le voyez.

Comme une confidence, une petite taquinerie empreinte d'un jugement réducteur ; ce que vous faites ne sert pas à grand chose d'autre que faire étalage de vos richesses. A part creuser les différences et s'embellir, y avait-il réelle utilité à leur art ? D'aucun ne doutait de la valeur sentimentale de certains objets ou de l'avantage à posséder telle ou telle parure comme monnaie d'échange ou preuve d'une vie aisée, mais si cela venait à disparaître ; cela manquerait-il au peuple ?

Susceptible, princière ; Wilhelm ne semblait nullement atteint par la menace sous-entendue. Les affaires étaient les affaires, mais cela ne retirait rien des valeurs et des principes. Wilhelm n'était pas avide de richesse, ne se pensait pas même avide de pouvoir. Il aimait se sentir supérieur mais ne visait pas le haut des marches. Parfois il peinait même à savoir ce qu'il voulait vraiment tant il s'était effacé dans le seul objectif d'hériter de la forge un jour et de surpasser ses deux tuteurs. Permettre à Ashlan de briller d'une autre manière, d'étaler leurs horizons au de-là de la forge. Et peut-être, un jour, d'améliorer leurs chances d'avoir des réponses. Tous les ans, il s'y rendait encore.
Le forgeron haussa les épaules, preuve de son indifférence. Un sourcil se leva légèrement alors qu'il reposait son regard sur elle.

─ Votre compagnie m'est plus agréable que l'ennui, c'est un fait que je ne peux nier. Juste, ne jouez pas tant sur la forme.

Son regard se perdit au dessus de la demoiselle, observant les gens agités un peu plus loin.

─ La forme de mes mots ne vous plait guère et vous n'en comprenez que ce qui vous arrange.

Il s'arrêta, lui fit face, les mains jointes dans son dos.

─ Quand deux outils ont des objectifs différents, il en va de même pour leur utilité. Là d'où je viens, on ne s'attarde sur le détail esthétique que pour mettre en valeur, vendre. Mais cela n'a aucune utilité réelle. Parfois même cela diminue la qualité, mais les gens apprécient ce qui est beau et pensent que cela ajoute de la valeur quand ce n'est concrètement pas le cas. De vous à moi, vous pensez vraiment que nos clients sont les mêmes ?

Un clou était moche. Cela n'avait rien d'esthétique. Le seul but était de fixer une chose à une autre, de maintenir, soutenir. A moins de reforger totalement une bague en autre chose, cela ne pouvait vraiment servir à autre chose qu'un visuel, peu importe la signification. Comme la bague Brotz, portant le fameux emblème des Brotz ; elle n'avait rien de sublime, existait pour le seul but de sceller avec l'emblème familial.

─ Est-ce plus clair et plus acceptable à vos yeux ?

Un brin d'ironie fut soufflé, de devoir s'expliquer. Mais il avait l'habitude. Trop brute dans ses mots. Parfois trop sarcastique. Tantôt très direct, tantôt trop subtile. Il n'y avait qu'à le voir ; il n'était pas un homme d'esthétique, ne faisait rien pour se mettre particulièrement en valeur. Il n'avait que son corps musclé et son visage pour plaire aux gens, aux femmes. Les cheveux taillés au couteau, les cicatrices visibles déformants ses bras, l'odeur du fer suintant de chacune de ses pores et un goût de charbon pour celles l'avaient déjà embrassé. Il ne respirait pas le propre. Tant qu'il n'avait pas l'obligation d'être présentable, il ne daignait pas de l'être. Aux gens de le prendre comme il venait, ou bien de s'en aller. Wil, lui, avait bien fait voeu de se ficher du reste.
Ah, les manières. Les nobles, les bourgeois. Les riches. Les gens tant portés sur l'apparence que leurs mots mêmes étaient couverts d'un voile mensonger pour cacher les horreurs de leurs pensées, quand les pauvres ne savaient s'encombrer de ces mirages. Pensait-il.

L'expression de ses pensées était souvent un chemin tortueux. Lui qui s'évertuait à utiliser des mots simples, compliquait tout par la violence de ses paroles et de son ton. Son arrogance l'entravait dans la communication, menant souvent autrui à penser qu'il les dénigrait lorsque parfois, il tentait de faire glisser un message qu'il ne savait pas admettre ouvertement. Il se plaisait, d'une certaine manière, à ne pas être compris ; cela lui donnait l'illusion que finalement, il n'était pas aussi simple que certains se plaisaient à l'imaginer. Un vain sourire étira le coin de sa lèvre. Elle le contournait, s'éloignait, et il la suivit du regard, son corps continuant de lui faire face. Il lui emboita finalement le pas, non sans trouver un certain amusement à la situation.

─ Ah, cette certitude. Vous pensez connaître les relations de mon père avec ses clients, mais vous ne connaissez que celle qu'il a avec votre père. Quand encore ils en viennent à se voir.

Il fit légèrement virevolter sa main, tourbillonant son doigt, dessinant une tornade invisible balayant le peu de sympathie qu'il pouvait inspirer.

─ Vous pensez que les belles paroles font les affaires ; c'est le privilège des gens malhonnêtes.

Il darda sur elle un regard plus sévère, plus critique. Elle l'attaquait d'une certaine manière qui ne lui plaisait guère. Il l'avait cherché, mais il ne démordait pas, Wilhelm. Têtu comme un cheval. Tant qu'elle ne lui prouverait pas qu'il avait tort, il continuerait à se pavaner, faire le coq, lever le menton ; et la regarder avec mépris. Elle n'essayait pas assez. Elle ne voulait pas. Comme d'autres. Comme beaucoup. Les apparences, encore, allaient lui faire défaut.

─ Vous osez me provoquer sur une prétendue contrariété que je pourrais avoir et vous étonnez que je réponde ? Rictus. Vous êtes encore une enfant pour réagir ainsi face à mes mots.

Il marchait à côté d'elle. Ce qui semblait être au départ une discussion anodine avait tourné au sermon. Wilhelm, brillant de sa splendide agressivité habituelle. Mais il riait un peu, intérieurement. Amusé, quelque peu déçu, finalement. Lui et son marteau, lui et ses mots, souvent jugés à torts et à travers. Parce qu'il n'était pas tendre avec dans ses discours, les faibles le fuyaient ou se voyaient imposés sa volonté. Les plus fiers lui tournaient le dos. Mais que savait-elle, la demoiselle ? Elle se noyait dans ses certitudes, son peu de connaissance et se complaisait dans son univers sans en approcher l'autre. Elle glissait sur sa peau, pensait très certainement le sonder, lui et son caractère, à gratter la carapace pour en deviner le démon intérieur. Wil la sentait avec son regard et ses sourires juger silencieusement, tirer des conclusions sans en connaître les raisons. Il leva les yeux vers le plafond sombre, laissant son regard vagabonder sur les dalles.

─ Faites preuve d'imagination. Avez-vous si peu confiance en ce que vous faites pour ne pas même m'opposer ?

Que savait-elle, jeune enfant protégée derrière ses murs, ennuyée avec ses pierres et son or ? Elle qui n'avait jamais mordu la poussière pour mériter un bout de pain, s'enivrait sûrement des tourments des autres. Ah, ces enfants. Que savaient-ils du monde cruel des affaires ? Ashlan était pareil. Si jeunes, si pleins de rêves et d'ambitions, si ennuyés par la réalité du labeur et ses coutumes. Quand ils s'attardaient sur les détails, ils en rataient le tableau.

─ Mia.

Claquement de doigt, index pointé sur elle. Il venait de se souvenir.