ce soir, svea est bien habillée. elle a tracé ses boucles et son père l'a même autorisée à se farder. la femme-enfant est heureuse, heureuse de retrouver ce soir à sa table les guerra et leur chérubin. le repas se déroule dans une certaine quiétude : les adultes échangent des mots qui ne s'attardent pas dans les oreilles de la blonde princesse, elle est occupée. occupée à lancer de petit coup de pieds sous la table en réponse à ceux que sol lui envoie pour l'embêter. mais svea n'est pas embêter, au contraire, elle s'amuse. le fin du repas gronde, parents et enfants se séparent, les uns dans les salons, les autres dans les jardins. il y a des gardes qui surveillent d'un yeux lointain la lady et celui qu'elle imagine être son prince. ils échappent à leur protecteur sans encombre en passant par les toits : la souplesse de l'une et la force de l'autre les font filer le long de mitras, jusqu'à ce que des reflets brillants n'attirent le regard de la pie siebel.
- ce sont les cages dorées,
on est censé enfermer des prisonniers, mais il n'y jamais personne.
on descend?
svea n'a du courage que lorsqu'il n'y a pas de danger,
alors elle prend sol par la main et le guide, pour une fois, comme l'aventurière qui lui donne envie d'être.

il a le rictus facile, le gosse. la taquinerie au bout des doigts, il s'amuse à balancer ses pieds sous la table, fauchant les fragiles jambes de la princesse face à lui. les adultes discutent, les adolescents qui ne veulent pas grandir se lancent des regards entendus ; bientôt, ils s'éclipseront, et seules les étoiles pourront témoigner de leur petite escapade.

ça n'est pas la première fois qu'ils se promènent ainsi, main dans la main, au clair de lune. il songe avec regret que ce sera sûrement la dernière, sans pour autant en toucher un mot à la blondinette ; il est trop tôt pour les adieux. il a envie de contempler cette lueur éclatante dans ses yeux, au moins encore un peu. alors il se tait, presse le pas pour mieux voir ces infinies lumières autour de la cité. ils sont observés, les gardes veillent. et pourtant, ils filent trop vite dans la nuit, ils sèment bientôt la vigilance des hommes plus loin. c'est seuls qu'ils progressent, à présent.
« t'as envie qu'on entre dans la cité ? on pourrait même aller courir dans les jardins du palais, t'en dis quoi ? » enfant pour toujours en compagnie de la siebel ; jeune garçon qui s'est donné pour mission de ne jamais abandonner sa compagne, de lui faire vivre les plus folles aventures. il veut braver l'autorité, parce qu'il ne craint rien, sol.