elle n'adresse jamais une parole, jamais une douceur aux anciens amants. elle les oublie, garde les offrandes dans un coin de son cœur, de sa chambre, et ne fait rien de plus. la nostalgie frappe peu - elle n'aime pas ce mot. la peine d'une vieille blessure, elle ne comprend pas car les blessures se referment toujours. une cicatrice n'est qu'une marque sur la chair qui ne sait plus blesser. pourtant, elle s'est éveillée curieuse des travaux quotidiens, entendant par les autres qu'un corps en disgrâce a rejoint les carrés d'immortel - le sien porte un nom dont elle se souvient. un nom d'une fois, qu'il lui a confié les joues rouges à cause de l'amour, et les mains tremblantes parce qu'il n'a jamais aimé plus fort.
curieuse, c'est la seule manière dont elle peut se décrire. curieuse du soldat dont elle se souvient si peu - quel a été son visage ? peut être curieuse car la nuit avec cet homme a résulté tristement. ou peut être est-ce un autre, elle n'en sait rien.
le ventre rond d'autrefois qu'elle rejette, le souvenir qui s'efface et qui est déjà revenu sous la forme des regrets. mais elle a payé, peitho, les regrets. les déesses ont sans doute pardonné, et elle même s'est pardonnée. il n'y a plus rien à en vouloir au passé.
pourtant elle a lavé ses mains du sang des chèvres, lavande sur les paumes, a rafraîchi sur la sueur sur son visage. une fleur s'est glissée dans les plis de sa blouse, et la poussière a été enlevé ede son large jupon. peitho s'en est allée de la ferme, un panier en osier qu'elle a chargé de viande de chèvre séchée au sel et au thym. une gourde de vin avec elle qu'une voisine lui a donné, sourire pour une amourette de sa tendre jeunesse.
elle n'hésite jamais avant d'entrer dans une pièce - la beauté donne ce pouvoir, et aucune hésitation ne fait trembler ses pas dans le pieu cimetière des héros tombés. et elle avance jusqu'à la tombe qui lui semble la plus neuve - une jeune fille y est.
jolie jeune fille avec ses boucles et sa peau d'or, et peitho ne veut pas l'effrayer, alors elle parle avec une voix douce. tu l'connaissais ? elle avance encore un peu, le panier en main, un petit sourire sur le visage. si j'ai bien compris il a merdé pour s'retrouver là.