il s'est endormi - il s'en souvient, la brise dans ses cheveux, l'ombre sur son visage, les mains croisées sur son torse. bel endormi comme un soldat mort d'un poème qu'il a lu autrefois.
il ne l'est plus ou encore - les doutes se posent à lui comme les reflets de la vérité. il se lève, doucement, et le sol lui semble feu. le sol est rouge, immensément. la terre qu'il n'ose pas toucher de ses doigts, la terre qui lui semble fournaise avant de se rendre compte qu'il est pied nu - aucune douleur.
le ciel n'existe plus vraiment. il n'y lève pas les yeux, il le sait simplement. un grand vide au dessus de lui.
peut être est-il mort, deux trous au côté droit, ou emporté par des désastres qu'il est incapable de nommer. il se sent mort, ce n'est plus un rêve se dit anibal.
l'angoisse monte doucement.
il a marché.
puis il est tombé, à genoux. les larmes chaudes son sur son visage.
et sur la terre rouge qui les boit avidement.
tes mots sont insincères, ta langue trompe
tes prières des gouffres de ta propre image,
tu nous sais cruelle, et tu te crois à notre image"
trois sons qui se superposent, et les mots naissent et meurent à ses oreilles. l'homme est à genoux, tête contre le sol, tremblant.

Spoiler:

Il n'y a rien de plus égoïste qu'un cauchemar, transposition des vanités humaines, parodie d'auto-centrisme où tout, même l'univers, devait concourir à notre perte. Il n'y avait rien de plus égoïste, rien de plus laid qu'un homme qui s'abîme dans sa folie même au creux de ses onirisme.
Il n'y avait rien de plus égoïste que Mia - mais ce n'était pas Mia ici bas, ce n'était que l'envie, ce n'était que la luxure, ce n'était que la gourmandise. Et elle était telle une enfant, elle possédait les blanches mains qui venaient couvrir les yeux tourmentés du pécheur - elle te les volerait sans hésiter, si elle le pouvait. Celle à qui se murmure les maux douloureux prêt à être lavés de tout péché, celle qui prononce la phrase qui bénie et libère les cœurs des fardeaux sans s'occuper du sien - c'est un mensonge. Elle est tentation, elle est paresse et abandon. Elle est cette bouche qui souffle à ton oreille, cette voix dont les mots s'emmêlent.

Pourquoi pleures-tu?

Elle est la chaleur éclatant contre l'épiderme, les idéaux croisés sous la lumière, elle est l'avidité humaine, abomination perpétuellement rassasié tout en demeurant désespérément affamé.

Spoiler:

parce qu'il est un pêcheur.
parce qu'il ne respecte rien du monde, et aime sans tendre la main.
parce que ses amours font offense aux déesses, parce que ses actions font offense aux hommes.
il pleure parce qu'il se persuade d'être mort et de recevoir l'ultime châtiments des trois terribles - il a cru ne jamais payer, et toujours échapper.
penché sur le sol, en larme, c'est une autre voix qu'il entend. une question, unique. ses yeux ne se relèvent pas, et ce que le sol qu'il regarde.
es-tu une déesse ? est-elle maria, rose ou l’opulente sina ? ses paupières se ferment et le petit homme tremble encore sous le ciel et la femme qu'il ne veut pas regarder.
es-tu mon châtiment ? elle en a la voix.

Spoiler:

Elle n'était pas divine Mia.
Elle en avait l'illusion et l'inconstance.
Les pensées frivoles.
Elle ne comprenait pas Mia, la douleur des corps écroulés sous les poids de leurs péchés.
Comment le pourrait-elle alors qu'elle en était constituée?
Peut-être.
Peut-être n'était-elle que la matérialisation de sa conscience, purgatoire de circonstance pour son coeur broyé par le tourment.
Mais toute faute peut être rachetée si l'on sait comment se faire pardonner.
Les contreparties n'étaient jamais plaisantes lorsqu'il était question de déité.
Mais peut être était-ce préférable aux tourments de l'éternité.
Aux pécheurs qui avaient entachés leurs coeurs.

Spoiler:

il se souvient des mots de sa mère
respecte les déesses, anibal, tu peux les croiser à tout instant
dans le creux de ton sommeil ou le visage d'un passant
la divinité se plait en terre des hommes.
et la déesse lui donne espoir - mais il ne sait pas comment se faire pardonner. il ose un regard vers la déesse qui le surplombe, simplement quelques secondes.
es-tu sina ? elle l'est, à ses cheveux blonds, à la beauté du visage.
et comment je peux seulement espérer le pardon ? parce qu'il ne le mérite surement pas, parce qu'il trompe et blesse à chaque instant.