Le soleil brille sur la place du village Ragako. Comme tous les lundis, il déplie le petit meuble en bois qui lui sert de tabouret. C’est ainsi le même rituel ; tandis que les marchants vendent leurs nourritures, il prend place comme la plupart des crieurs dans le même point central de la ville, tenant fermement le bout de papier encore tout chaud entre ses doigts :

« Mon très cher peuple,
C’est en ce jour que je vous parviens ce message. Depuis plus de quatre siècles, nous nous sommes libérés de la menace extérieure. Grâce à ces merveilleuses fortifications offertes par les déesses, l’humanité prospère de jours en jours. Je tenais à m’adresser à vous pour saluer ce jour bénit !
Remercions les déesses Maria, Rose et Sina, que leurs bénédictions nous accompagnent.
Bien à vous,
Sa Majesté le Roi Wamai Lebeka. »

Les activités reprennent, le silence prend fin. Il continue pourtant de réciter les petits incidents des semaines, comme des voleurs parmi les rues du District Trost ou encore la moisson généreuse du bétail. Tout va bien, qu’ils pensent. La brise légère faisant voler les quelques feuilles, le bruit du papier qui se cogne ; tout va bien. Après 815 années d’humanité, il n’y a rien à redouter. C’est la liberté entre les murs, le goût de l’aventure et aucune once d’inquiétude. S’ils ne sont pas venus depuis quatre siècles, les titans ne reviendront pas, jamais.