Majda se lève toujours aux aurores. Les lueurs pastel sur sa peau ébène lui donnent des impressions de divinité céleste descendue sur terre. Ses cheveux au vent frais du matin, elle n'aime que cet air pur qui semble être là seulement pour elle. Dans les premières heures d'une journée, seuls sont levés les pêcheurs, les marchands, et quelques amoureux des bruits purs et rassurants de la vie quotidienne. Puisque si l'aube arrive avec ses sonorités habituelles, le reste de la journée poursuivra son cours normal, comme une vague s'échouant soigneusement sur une plage de sable fin, roulant sur elle-même, encore et encore. Majda est de ces âmes qui se lèvent en même temps que le jour, regardant le soleil doucement se réveiller, en entamant les premiers pas qui dureront jusqu'au crépuscule. Les mirages à sa gauche, Majda marche un long moment, refusant d'emprunter quelconque moyen de locomotion, puisque ce serait gâcher ce paysage et filer trop rapidement devant ces couleurs du monde dans lesquelles beigne Ragako. Maj, elle ne craint pas d'aller à pied jusqu'à ces quartiers reculés. Il lui arrive même d'y aller souvent, pour des raisons qu'elle aimerait taire tant elles pourraient compromettre à la sécurité de sa famille. Mais sa venue au mur de Maria aujourd'hui ne comprend rien qui pourrait la rendre inquiète. Et c'est alors que le soleil grimpe de plus en plus que les pas de la El Hage l'emmènent finalement chez son amie de longue date, Laia. Amitié précieuse, aussi utile qu'agréable. La douce est l'une des seules en qui elle a une confiance absolue, puisqu'elles savent l'une de l'autre des choses qu'elles n'ont jamais dites à haute voix. Compréhension immédiate, elle la sait réactive et respectueuse. Trois coups de son poing contre la porte en bois un peu abîmée, et Majda patiente. L'esprit léger, elle ne souhaite que discuter, se mettre à jour, espérant secrètement obtenir quelques informations l'aidant à ses intérêts personnels. D'entre les murs, elle entend Laia l'appeler. Majda n'a pas prévenu son amie, mais au fond, peut-être qu'elle savait. Parce ce que c'est comme ça que ça marche entre elles, et que ça leur donne cet air spontané. Ouvrant la porte, la brune retrouve Laia, un sourire aux lèvres. La prenant dans ses bras un court instant, elle s'assoit à ses côtés. – Tu es seule ? Les arrières pensées ne sont pas nombreuses, mais peut-être qu'un peu de prudence allait aider.